L’œil et le mouvement
Le fonctionnement naturel des yeux n’est pas toujours celui qu’on croit, et on agit parfois, avec les meilleures intentions du monde, à l’encontre de leurs besoins réels.
Nous avons déjà vu que l’œil a un besoin vital de lumière naturelle mais aussi d’obscurité. Nous allons voir ici que l’œil est également fait pour être constamment en mouvement. C’est son état naturel.
Il n’y a qu’à voir leur forme : ce sont de grosses billes, et les billes sont rarement conçues pour être fixes !
En effet, la fixité est l’ennemi numéro un de nos yeux : c’est une posture de contrainte qui doit toujours être évitée ou rester de courte durée.
Comment l’œil bouge-t-il ?
La plupart du temps, nous ne nous en rendons pas compte.
Les yeux effectuent des micro-mouvements, de façon automatique, en permanence. Il faut comprendre que l’œil « picore » tout ce qu’il regarde, il capture tous les pixels de notre paysage visuel, afin de le restituer dans son ensemble au cerveau.
Il existe aussi un cas dans lequel la fixité n’est tout simplement pas possible : quand le corps bouge, l’œil bouge aussi… alors bougeons !
Dans toutes les autres situations, il nous reste la conscience et la volonté. Les muscles des yeux peuvent en effet être mobilisés volontairement. Ainsi, quand vous constatez une fatigue oculaire due à un regard figé ou trop contraint sur un écran (par exemple…), dites-vous que bouger vos yeux les reposera.
Dans toutes les directions
Le près et le loin : alterner les distances
Pour préserver sa souplesse (et notamment la souplesse du cristallin et ainsi prévenir la cataracte), il est recommandé de varier les profondeurs de champ de notre regard.
Si la courte distance est plutôt familière dans notre quotidien, dans nos habitudes modernes, il est important de se rappeler que nos yeux servent aussi à voir au loin.
Prendre le temps de porter le regard au loin, chaque jour, même sans distinguer précisément (si vous êtes myope), est une saine habitude car c’est une posture de repos pour les yeux.
Le centre et la périphérie : entretenir la conscience de notre champ visuel
Un peu plus subtil, il est également primordial de comprendre le rapport entre la netteté du point central (où le regard se pose) et le flou périphérique. C’est la condition de l’oeil qui voit parfaitement.
Le champ visuel périphérique (latéral) est moins sollicité lorsqu’on porte des lunettes, notamment, ce qui risque de nuire à cet équilibre entre centre et périphérie.
Il est également largement oublié lorsque nous portons notre attention sur un écran, car le cerveau va facilement s’illusionner dans le fait que l’information est contenue tout entière dans cette « fenêtre ».
Faites l’expérience de regarder tranquillement devant vous, tout en ouvrant votre conscience à ce qui se dessine sur les côtés, devant ou derrière.
Puis recommencez alors que vous êtes en mouvement : vous verrez ainsi la périphérie se déplacer tandis que ce que vous regardez semble fixe !
Attention : il ne s’agit pas de faire de la gymnastique des yeux, car le mouvement visuel, notamment dans le cadre de la rééducation des yeux, ne doit pas induire d’effort ni de tension.
Pensez toujours à accompagner vos mouvements avec la tête, voire avec le corps.
Astuces
- Favoriser le mouvement oculaire tout en travaillant sur un écran : placer des éléments à la périphérie (photos, post-it…) provoquera naturellement des micro-mouvements inconscients.
- Entrainer ses yeux au mouvement quand on est dehors : observer les insectes qui se déplacent, les feuilles des arbres qui bougent, les mouvements de l’eau, les voitures… aussi bien dans les détails proches que dans le paysage lointain.
Et puis laissez votre imagination vous inspirer d’autres pratiques faciles pour vous, voire ludiques. De cette façon, elles ne seront pas vécues comme des exercices, c’est encore le meilleur moyen de prendre soin de ses yeux : en douceur… nous en reparlerons dans un prochain article !